Pop culture

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Nous avons parlé des liens qui existent entre la culture populaire et la culture de masse. Les divergences des théoriciens face à l’assimilation d’une seule et même culture peuvent-elles être assouplies face à la question de la pop culture ? Dans son chapitre Naissance de la culture pop , Bertrand Lemonnier définit le mot « pop » comme étant le lien d’un art qui se veut représentatif d’une société tournée vers la consommation de masse. Hubert Artus, auteur de Pop corner, développe ce phénomène plus largement :

« La pop culture est plurielle, à la fois alternative et mainstream, commerciale et militante, conformiste et subversive ».

 

La pop culture a-t-elle vocation à être populaire ?

Selon Huber Arthus, elle cherche en tout cas à plaire au plus grand nombre. Elle vient du mot « pop » pour « popular » (en anglais britannique, cela signifie « ce qui vient de la rue et qui s’oppose à l’élite ») et de « to pop-up », qui évoque un phénomène qui explose, qui vient à surgir. À l’origine, la pop a vocation à jaillir de la rue : il s’agit d’un phénomène naissant, porté par la jeunesse, vu comme une contre-culture, mais très souvent utilisé par l’industrie du divertissement. La pop culture est une éternelle addition. Parfois, nous y intégrons des éléments et d’autres sont supprimés. L’écrivain de Pop corner cite pour exemple le punk :

“cette musique est bien trop virulente et trop peu mainstream pour être récupérée. Mais la culture punk, avec son look, sa mode, son univers garageband et son attitude en général, correspond à la pop culture.”

Plusieurs spécialistes restent une nouvelle fois partagés sur les débuts de la pop culture.

 

Le pop, ou plutôt « la pop », pour parler de « popular music », est arrivée dans les années 1950 et 1960 au Royaume-Uni, pour représenter les nouveaux styles musicaux de la jeune génération. Suite à plusieurs subdivisions de la musique pop avec le pop rock, le rock ’n’ roll, le blues, ou encore le rhythm and blues, la musique pop prend tout son sens avec l’arrivée des Beatles, qui deviennent le porte-étendard de ce style. On affirme l’apparition de la pop culture à l’époque des Beatles, car le groupe a apporté une vision planétaire du terme. Avec Andy Warhol et son mouvement artistique, le pop art est également apparu. Cependant, des ouvrages, tels que Pop corner, cherchent à le replacer dès les années 20. Les comics, la presse de masse et le divertissement constituent le fondement de la culture de masse. Cette dernière cherche toujours à s’opposer à une culture de classe élitiste et survient après la Première Guerre mondiale (1914–1918). Elle a permis au monde entier de prendre conscience des ravages de la guerre. Le capitalisme commençait à se répandre et renforçait l’idée selon laquelle l’objectif du divertissement était de permettre à la population de profiter avant l’arrivée d’une nouvelle catastrophe politique. Ce divertissement passait notamment par la presse de masse. Les écrivains qui ont connu la guerre ont laissé de côté les récits d’aventure pour la fiction, avec l’imagination d’univers relevant de la dystopie, et les récits de romance ou les comics et leurs super-héros. La « pop » s’est généralisée dans les années 1960. Elle s’est répandue lorsque cette notion n’était plus uniquement la définition d’un genre de musique. Ainsi, le pop a été qualifié de mode, d’attitude, de comportement et de façon de vivre. Dans leur ouvrage Les entreprises et leurs réseaux, les auteurs scientifiques Michèle Merger, Dominique Barjot et Marie-Noëlle Polino font référence à un discours du Premier Ministre travailliste Harold Wilson, qui a eu lieu à Liverpool en juillet 1966 :

« A l’occasion de la réouverture du club où les Beatles ont débuté leur carrière. Il prononce l’expression “ pop culture “, reprise le lendemain par la presse populaire. »

La diffusion de la pop culture

La formule « pop culture » a été diffusée largement dans le monde et cette définition planétaire ne mets pas tout le monde d’accord. Richard Mèmeteau, auteur du livre “ Pop culture : réflexions sur les industries du rêve et l’invention des identités ” , a une vision contrastée sur la question. Selon lui, elle tient à une stratégie, afin de connaître ce que veulent les masses, à savoir, une culture destinée uniquement au marché de l’industrie. Il réaffirme que la pop culture se distingue de la contre-culture ou sous-culture, car elle quitte sa figure d’authenticité. Comme indiqué précédemment, la culture est née d’une communauté et se construit de ce point de départ. Selon l’auteur, la pop culture a pour rôle de noyer cette authenticité pour la mélanger à l’industrie. Il s’agit de quitter la communauté, voire de trahir les membres les plus fidèles, pour rentrer dans la pop culture et toucher une audience plus large. Cette vision était déjà partagée par le designer Richard Hamilton en janvier 1957, qui décrivait sa vision de la pop culture dans une lettre :

« populaire (conçu pour une audience de masse), à court terme et d’un oubli facile, bon marché, produit en série, destiné à la jeunesse, spirituel, sexy, truqué, séduisant, lié au big business ».

Hubert Artus ne voit pas les choses de manière aussi tranchée. Il donne l’exemple du rap dans l’émission « La pop, entre marketing et contre-culture » sur France Culture.

« Il y a une Pop culture qui a toujours été engagée. Le rap, que ce soit la première révolution rap des années 75–78 aux USA, le rap français des années 80, le gangsta rap des années 90 plus bling-bling il y a un engagement qui est composé de contre-culture comme du mainstream. C’est un tout. »

La culture pop apporte un divertissement par les genres. 

Ces derniers ont des codes, des valeurs, une façon d’appréhender le monde qui se diversifie par des créations artistiques, telles que le roman, le cinéma ou la bande dessinée, pour parler de sujets de société, de crise financière ou de patronat. La science-fiction permet quant à elle d’aborder la catastrophe, la guerre, le surarmement ou encore le nucléaire. À travers la romance, il est possible de parler des rapports humains et amoureux. Les comics sont également les produits phares de cette culture. Ils apportent de la couleur, un style de dessin, des univers nouveaux et surtout des idoles, avec la figure du super-héros. Depuis la naissance de la pop culture américaine, les super-héros restent un porte-étendard. Hubert Artus voit dans cette réussite un tiercé gagnant attendu. Selon lui, nous avons tous voulu un jour avoir des supers pouvoirs, tels que la capacité à voler ou à sauver les gens. La force du super-héros se traduit par la différence. Il y a une chose en plus des autres. Il est la figure de l’étranger, le migrant américain qui devient une icône. Nous avons vu que l’un des fondements de la culture était d’être communicationnelle. Ainsi, le public cherche à se réapproprier ces héros pour inventer de nouvelles choses. Elle garde cette vocation à être partagée pour nous inspirer. De cette manière, la pop culture s’est réinventé. L’écrivain de Pop corner illustre ce phénomène par une boule à facette composée de communautés et de valeurs qui permettent de se réinventer soi-même. La pop culture est un compromis, tiraillé entre l’aspect de la critique sociale et la marchandisation. Andy Warhol est un exemple. Il est un artiste qui détourne l’image du capitalisme, mais il reste un publicitaire accompli, qui accepte que ses œuvres soient vendues au prix le plus fort. Il devient un participant élitiste de l’art moderne.

S’agit-il de pop culture ou de culture populaire ? Où se place le curseur entre ces deux notions ? Peu d’articles traitent de ce sujet. Les résultats des recherches menées prouvent qu’il y a une incompréhension. Suite à mes recherches, je considère la pop culture comme étant une partie de la culture populaire. La terminologie britannique de la pop culture n’a aucun équivalent dans la langue française. Le mot « pop » pour « popular », représente la culture autodidacte qui vient du peuple et popularisé par le peuple. Pour Hubert Artus, la culture populaire est au sens

« Zidanien du terme, qui plait au plus grand nombre, qui se vend le plus ».

Et on attend pour rentrer dans la pop culture ces deux éléments venir du peuple et surgir, exploser pour la masse. Nous conviendrons du fait qu’actuellement, la frontière entre la culture populaire et la pop culture reste très mince. Sa véritable distinction tient aux vedettes des différentes générations, aux têtes d’affiches (telles que les Beatles, les Rolling Stones, Michael Jackson, David Bowie, ou encore Lady Gaga). À travers ces stars, la culture pop propose un mode de vie, dans lequel la jeune génération peut se retrouver.

Ce mode de vie correspond au comportement « pop ». Bertrand Lemonnier le définit ainsi:

« vivre vite, multiplier les expériences hors des limites admises (par l’usage de drogues notamment), être toujours à la mode et sur le devant de la scène, rester créatif et donner son avis sur tout sans trop se prendre au sérieux, dans un jargon ou plutôt une sorte de langue pop. »

Si la pop culture se différencie par le mode de vie qu’elle propose, les questions qui tournent autour de son avenir me semblent similaires. Si l’industrie et les majors contrôlent aujourd’hui cette notion, y-a-t-il encore quelque chose de « popular », qui s’oppose à une élite ?

Extrait du mémoire: “Comment le numérique redessine la culture populaire”

La suite prochainement sur Art Atk

 
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